Avenue du Port

300 platanes sauvés de justesse, 1.500.000 pavés menacés de disparition

Pourquoi il faut restaurer et conserver le pavage de l’avenue du Port

Posted on | août 28, 2013 | No Comments

“L’avenue du Port, s’apparentant depuis de longues années à une piste du Paris-Dakar en raison de son état de délabrement avancé, il devient urgent de transformer cet important axe de pénétration au nord-ouest de la capitale.” (Brigitte GROUWELS, Belga, 18 juillet 2013). Ce sont là des arguments à géométrie variable : l’avenue du Port n’a pas été entretenue, depuis 40 ans, par le service des routes… dirigé par la même ministre.

Deux remarques s’imposent : d’une part admirons la résistance sans entretien d’une chaussée en pavés ; d’autre part observons la contradiction avec la politique officielle du gouvernement bruxellois qui voudrait décourager la pénétration dans Bruxelles du trafic automobile de navetteurs.

Coupe des fondations de l'avenue du Port

Coupe des fondations de l’avenue du Port

Mais voilà, subitement on redécouvre l’avenue du Port, juste au moment où la zone du canal devient le nouvel Eldorado de la promotion immobilière (bureaux, logements de luxe…), grâce aux terrains industriels à bon marché. C’est une cause perpétuelle d’émerveillement que cet empressement mis par les hommes et femmes politiques à servir les intérêts de la promotion immobilière… Partout, les lobbies de l’immobilier s’activent : on parle de marinas, de lofts avec vue sur le trendy waterfront, Bruxelles veut redécouvrir l’eau… Politiciens et journalistes reprennent en chœur cette chanson.
(Nos politiciens mentent à la presse, ils voient leurs mensonges imprimés et ils appellent ça l’opinion publique – John LE CARRE, 2003).

L’avenue du Port est une avenue industrielle et portuaire, tracée en 1903 pour desservir les quais et le site emblématique de Tour et Taxis. Elle a été conçue pour un trafic intense, lourd, et lent. Longue de 1600m, large de 30m, ses proportions sont classiques (1/5 – 3/5 – 1/5) : deux trottoirs de 6 m, plantés de quelques 300 platanes, et une chaussée de 18 m, composée d’un million et demi de pavés de porphyre. Malgré son peu d’entretien, elle a résisté au temps. Un peu oubliée, elle a eu l’avantage d’être restée « dans son jus». C’est la dernière avenue portuaire de Belgique : un patrimoine bruxellois qu’il faut conserver.

D’ici trente ans, quand le réchauffement climatique couplé à la pénurie du pétrole, rendra caduc le transport routier de masse, on redécouvrira combien le canal est indispensable à l’approvisionnement de Bruxelles (le transport par eau consomme très peu d’énergie). Mais nos hommes et femmes politiques raisonnent à court terme, et n’osent pas promouvoir des solutions vraiment durables. Alors, ils gaspillent les terrains encore libres de la zone du canal, les rendant inutilisables au déchargement et à l’entreposage des marchandises. Pourtant l’on sait que tous ces entrepôts actuellement disséminés dans des zonings autour des autoroutes devront nécessairement se rapprocher de la voie d’eau.

Une chaussée en pavés a l’immense avantage de ralentir la circulation automobile. Cela permet les manœuvres lentes des camions, nombreuses à l’endroit (centrales à béton, marchands de matériaux de construction, entrepôts…). A contrario, l’allée Verte, la voie métropolitaine rapide parallèle, favorise les vitesses excessives (automobiliste flashé à 152 km/h !). Pour empêcher cela, les « concepteurs » d’une avenue du Port asphaltée préconisent, brillante idée, le placement de radars pour inciter les automobilistes à la modération.

Petite dame de paveur

Petite dame de paveur

Remettre en état les pavés de l’avenue du Port dans les règles de l’art est une solution durable, avec un excellent bilan carbone : les pavés (de porphyre belge) sont indéfiniment recyclables et ils sont déjà sur place. Cela fournit du travail à 10 paveurs pour une durée de 9 mois. Partout on affirme que l’emploi manque : voici une occasion d’en créer de l’utile et de former du personnel qualifié.

Un pavage présente aussi l’avantage de ne pas « figer » une situation : il est facile à modifier (pour installer une voie de tram par exemple), et peut se réaliser par parties, sans bloquer totalement la circulation et l’accès des entreprises riveraines.

En bref : la solution que nous proposons est moins coûteuse et aisément adaptable, décourage la vitesse des automobiles, simplifie l’accès aux entreprises, fournit de l’emploi, démontre un meilleur bilan carbone et… respecte le patrimoine bruxellois. Les cyclistes disposent de chaque côté d’une piste cyclable sécurisée continue, et les piétons de trottoirs refaits.

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