CONCILIER BESOIN DES CYCLISTES ET PROTECTION DU PATRIMOINE
Posted on | octobre 27, 2019 | No Comments
Les projets précédents visant à restaurer l’avenue du Port prévoyaient tous de larges pistes cyclables, ce qui rendait impossible le maintien de la largeur actuelle de la chaussée et des deux rangées de platanes. Pourtant il est possible de satisfaire les cyclistes raisonnables, sans détruire le patrimoine que représente cette avenue emblématique.
EXPLICITATION DE NOTRE PROPOSITION
- Pour encourager le transfert modal vers la bicyclette, les associations de cyclistes réclament l’établissement de larges pistes cyclables, complètement séparées du trafic automobile.
- Dans le cas précis de l’avenue du Port, Bruxelles-Mobilité veut une piste cyclable bidirectionnelle large de 3,60 m, située du côté canal de l’avenue, ainsi qu’une piste cyclable unidirectionnelle de 1,40 m de l’autre côté.
- Un tel aménagement impose de supprimer les bandes de stationnement, de réduire la largeur de la chaussée et de déplacer les alignements d’arbres.
- Ceci modifie fondamentalement l’aspect de l’avenue du Port, ce que refusent les défenseurs du patrimoine.
- La piste cyclable bidirectionnelle large côté canal est aussi refusée par la Communauté Portuaire, au motif qu’elle constitue un danger et une gêne pour les accès des camions aux entreprises. La Communauté Portuaire a obtenu pour cette raison le retrait du dernier permis d’urbanisme.
Nous proposons de continuer à permettre aux cyclistes « civilisés » d’emprunter les trottoirs cyclables actuels, où les piétons sont prioritaires. Nous ne croyons pas à l’argument que cela « engendre des conflits entre piétons et cyclistes » : le cycliste ralentit, donne un coup de sonnette, et les piétons s’écartent. Ceci ne fonctionne que pour les cyclistes « lents ».
Pour donner satisfaction aux cyclistes « rapides », nous proposons l’établissement de chaque côté de l’avenue d’une bande cyclable de 1,40 m, en chaussée. Elle serait en pierre naturelle, assurant un roulement confortable. Soit des pavés sciés, soit des dalles de granite, d’une couleur se rapprochant de celle des pavés de l’avenue, de façon à ne pas trop porter atteinte à l’aspect « mer de pavés ». Nous estimons que les cyclistes « assertifs » ont une vitesse qui ne diffère pas tellement de celle des automobiles, dont la vitesse est freinée par le pavage de la chaussée. A droite de la bande cyclable serait conservée la bande de stationnement, cette dernière étant interrompue aux arrêts d’autobus. Cette bande cyclable « rapide » ne constituerait pas une « moordstrookje » (bande mortelle) comme on appelle en Flandre une piste cyclable non distincte de la chaussée. Nous ne sommes pas ici hors agglomération, où les automobilistes sont surpris par la présence de cyclistes. Au contraire, nous pensons que c’est une bonne chose de mêler les cyclistes assertifs au trafic urbain général, de façon à ce qu’ils ne subissent plus le trafic, mais soient le trafic. Et on évite ainsi aux cyclistes paisibles et piétons d’être importunés par les (électro) cyclistes « rapides ».
Dans l’hypothèse d’un report modal vers la bicyclette (point 1 ci-dessus), les cyclistes débutants emprunteront de préférence le trottoir cyclable. On peut imaginer qu’ils seraient intimidés par les cyclistes « fonceurs » encouragés à la vitesse sur une large piste cyclable bidirectionnelle de 3,60 m.
L’avenue du Port, repavée, doit pour des raisons patrimoniales conserver sa largeur initiale. Si sa chaussée était bétonnée, une telle largeur encouragerait la vitesse des automobiles : il est essentiel de lui conserver ses pavés. L’effet ralentisseur des pavés sur la vitesse des automobiles et la grande largeur de la chaussée favorisent en outre les manœuvres lentes des camions accédant aux entreprises.
Nous ne croyons pas que l’avenue du Port fonctionne comme axe d’entrée important dans Bruxelles. La majorité des véhicules de navetteurs venant de l’A12 poursuit sa route en franchissant le pont de Laeken, vers l’Allée Verte, plus roulante. L’avenue du Port fonctionne plutôt comme desserte locale, le transit (hors camions) n’y est pas très important. Ce que nous disons par là est qu’il n’est pas nécessaire de rétrécir la chaussée pour l’empêcher de fonctionner comme un « aspirateur à voitures ». Ce n’est pas le cas. Cet itinéraire n’est pas utilisé comme « raccourci ».
NB : L’absence de marquages routiers, outre qu’elle est essentielle pour des motifs patrimoniaux, est bénéfique, en ce qu’elle induit une certaine « incertitude » de la part des automobilistes, les incitant à la prudence, donc à la modération de leur vitesse. En fait, c’est l’insouciance qui produit le danger. Sur une chaussée divisée en bandes de circulation, l’automobiliste se sent « propriétaire » de sa bande, et tout autre usager y est perçu comme un intrus.
Dans l’espace urbain partagé la « souciance » est une qualité.
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