Ce béton qui méprise…
L’avenue du Port, que les gouvernements bruxellois successifs voulaient bétonner dès 2008, sauvée grâce à la pression populaire et avec l’aide de la Justice, revient à l’actualité. Le nouveau projet a de quoi diviser les Bruxellois: plus d’arbres, de larges pistes cyclables, mais toujours une autoroute urbaine bétonnée de 4 bandes, défigurant à jamais la dernière avenue pavée de Bruxelles, sacrifiée sur l’autel d’une certaine conception de la modernité.
C’est qu’il faut aller vite ! En voiture, comme à vélo ! Et silencieusement ! C’est que les pavés font du bruit et gênent les nouveaux habitants de la tour Up-site ! Et que les promoteurs sont opposés à leur maintien…
Bruxelles est bien faible face aux spéculateurs… Nos élites, incapables de se projeter à un horizon dépassant la législature, reproduisent avec constance les erreurs du passé qui ont vu disparaître quelques fleurons de la culture urbanistique bruxelloise… Qui sait encore que chaque pavé enlevé efface d’un trait le patient travail de l’ouvrier épinceur qui l’a façonné à la main et consacre le lobby du béton permettant aux spéculateurs de générer toujours plus de profit (non redistribué) avec moins de travail ? Bétonner l’avenue du Port, c’est autoriser un transfert massif d’argent public des mains des travailleurs bruxellois -qui pourraient, organisés en coopérative, entretenir les voiries bruxelloises- vers celles d’actionnaires anonymes qui n’ont d’autre préoccupation que d’accumuler à tout prix encore et toujours plus de capital, pendant que les habitants des quartiers populaires crèvent de misère.
Le combat de l’avenue du Port est un combat social, se nourrissant d’une culture qui favorise le travail local, un combat écologique qui préfère l’entretien plutôt que le gaspillage de ressources et un combat culturel qui nous exhorte à apprendre des erreurs passées.
L’avenue du Port, c’est la Maison du Peuple!