Avenue du Port

300 platanes sauvés de justesse, 1.500.000 pavés menacés de disparition

Historique

pour avoir un aperçu court de l’historique, suivez ce lien-ci

Historique du site

A la fin du 19° siècle, le port de Bruxelles, encore situé à l’intérieur de la ville, est engorgé, victime de son succès. Il faut s’agrandir. Cela se fera dans la plaine de Tour et Taxis, à l’extérieur du Pentagone. En même temps, le canal sera approfondi et élargi.

La loi du 19 août 1897 rattache à la ville de Bruxelles les terrains nécessaires, situés auparavant sur le territoire des communes de Molenbeek-Saint-Jean et de Laeken.

Le site de Tour et Taxis est construit entre 1900 et 1907 (ouverture officielle du chantier le 28 juin 1900, en présence du roi Léopold II). C’est une immense gare ferroviaire, doublée d’un gigantesque entrepôt sous douane, le tout s’étendant sur 32 hectares.

L’avenue du Port est tracée vers 1906-1907, spécifiquement pour desservir les nouvelles installations portuaires. Elle a pris la place de l’ancienne avenue de Tour et Taxis, une simple allée plantée traversant la plaine et bordée de réverbères. L’avenue du Port reçut son nom définitif le 23 août 1907. Elle est très large (18,50 mètres de largeur de chaussée, plus deux trottoirs de 6 mètres) et solidement pavée. C’est le modèle type de l’avenue portuaire, faite pour faciliter les manœuvres d’un charroi lourd, encombrant et nombreux.

Plan Avenue du Port de 1913

Le plan original de la section de l’avenue du Port entre la place Sainctelette et la place des Armateurs. Datant de 1913.

Les plus vieux des platanes qui la bordent datent de 1927. Les canaux ont toujours été bordés d’arbres, pour réduire l’évaporation de l’eau, et fournir un ombrage bienvenu aux chevaux qui halaient les bateaux. Ici aussi, les concepteurs de l’avenue ont pensé à fournir un ombrage propre à rafraîchir chevaux, rouliers et débardeurs.
L’avenue restera la propriété de la “Société du Port et des Installations maritimes de Bruxelles” jusqu’en 1962, moment où elle sera cédée gratuitement à la Ville de Bruxelles qui la prit en charge jusqu’en 1990, date à laquelle elle en confia la gestion à la Région. C’est en 1999 qu’elle fut incorporée officiellement dans la voirie de la Région de Bruxelles Capitale.
Les derniers travaux de redressement des pavés datent du milieu des années 1970.
L’avenue du Port est la dernière artère industrielle de cette importance qui ait subsisté à Bruxelles et qui ait conservé l’essentiel de ses caractéristiques.

Historique du projet de réaménagement

Dans la fin des années 90, des plans ont été conçus au Port de Bruxelles afin de créer un centre logistique de distribution sur les terrains vagues compris entre le centre du TIR (Transport International Routier) et Tour & Taxis. L’idée était d’en faire un centre de transferts multimodal, où les marchandises auraient pu arriver par train, par camion ou par bateau pour être ensuite réparties dans de plus petits camions pour desservir le centre-ville. Cependant, il apparut très vite qu’il n’était nullement question de multimodalité : l’approvisionnement ne viendrait en fait ni via le canal, ni via le chemin de fer, mais uniquement par route. Clairement, le BILC (c’est le nom de ce projet) n’était finalement rien d’autre qu’une extension du centre TIR existant, et non un centre de redistribution pour la ville. Les marchandises arriveraient à Bruxelles, pour ensuite en repartir : une circulation aussi envahissante qu’inutile de poids lourds au cœur de Bruxelles ! (plus d’info)

L’avenue du Port devait donc subir un réaménagement, pour la doter d’une couverture en béton aussi solide que possible, capable de supporter le passage de (très) nombreux camions. A l’époque, Pascal Smet, ministre de la mobilité, tenta de faire passer la pilule que devait avaler le quartier en annonçant de nouveaux trottoirs et de jolies pistes cyclables.

Le 8 juillet 2008, la Ville de Bruxelles et la Société de Développement pour la Région de Bruxelles-Capitale (SDRB) votèrent en faveur du réaménagement de l’avenue. La Direction des Monuments et Sites de l’Administration de l’Aménagement du Territoire et du Logement (AATL), la Direction de l’Urbanisme de l’AATL et Bruxelles Environnement (IBGE) votèrent contre. Des associations telles que le BRAL, l’IEB ou l’ARAU exprimèrent leur réticence face à ce projet (lire les objections du BRALdisponible uniquement en néerlandais).

Vers la fin de la dernière législature, Brigitte Grouwels, ministre du port, perdit même le soutien de son gouvernement pour le projet BILC. L’avenir des terrains toujours inoccupés est jusqu’à présent incertain. Les actions de l’IEB, du BRAL, de l’ARAU et de NO-BILC ont porté leurs fruits. Il est aujourd’hui question d’installer un centre de transferts sur le site de Schaerbeek-Formation.

A l’arrivée au pouvoir de la nouvelle équipe gouvernementale , le projet BILC et celui du réaménagement de l’avenue du Port furent mis au frigo. Mais juste avant l’expiration du permis de bâtir, obtenu en 2008, Brigitte Grouwels, devenue ministre de la mobilité, voulut absolument faire passer le projet. La question de savoir si le projet ne devrait pas être adapté au vu de l’évolution de la situation ne se pose même pas. Malgré les protestations venues de toutes parts et une conférence de presse du comité de quartier Marie-Christine, de l’ARAU et de BruxellesFabriques le 22 mars 2011, le contrat avec l’entrepreneur est signé comme un passage en force. Les travaux devaient commencer en avril 2011. Suite aux protestations d’habitants du quartier, l’abattage des arbres est retardé jusqu’à la fin de la période de nidification.

Pendant tout l’été, l’opposition grandit. Une affiche géante de 12 x 15 mètres fut même installée du 3 au 8 août 2011 sur le pont Sainctelette, grâce au soutien de la sprl MEDIAFIELD.
Coup de théâtre : le lundi 05 septembre 2011, notre action en justice aboutit. Les scellés sont apposés sur le chantier qui se mettait en place. Le permis d’urbanisme délivré par la Région était déclaré illégal, notamment par absence de motivation.